Il fallait bien un premier article pour inaugurer l'ouverture de mon blog, la dernière course "majeure" à laquelle j'ai pu participer étant celle de l'infernal 60, c'est avec joie que je me replonge dans mes photos et dans mes pensées pour en conter les moments forts, partager mon avis et peut-être donner envie à certaines personnes de prendre part à la prochaine édition de cette belle course.
En cette année 2016, j'avais pour objectif de terminer le trail long de la Vallée des Lacs, 55km, alors que je n'avais découvert le trailrunning qu'il y a une année à peine. Les sensations sur ce premier trail long étaient bonnes, et une fois les raideurs et crampes d'après courses estompées, l'envie de recourir sur une distance et un profil similaires se faisait sentir. L'Infernal 60 ayant lieu courant du mois de Septembre, une distance de 60km pour 3000d+, le rendez-vous était pris.
Veille de course :
Arrivée sur les lieux le Vendredi 8 Septembre, on se donne rendez-vous avec les trois autres membres du club qui participeront le lendemain à la course, on récupère nos dossards au sein d'un petit "salon du trail" formidablement bien organisé, les bénévoles grouillent de partout, tout le monde est déjà sur le pied de guerre, les sauvages du 200km étant déjà partis le matin même. Le soir, un plat de pâtes est rapidement englouti à Remiremont, personne ne tarde, il faudra être d'attaque le lendemain.
Jour J :
Je me lève et me force à manger, l'excitation ayant chassé tout appétit, j'ai relativement bien dormi, mes affaires sont prêtes depuis la veille, j'ai hâte de courir. Je charge mes affaires dans la voiture, et me rends compte que la poche à eau de mon sac fuit, qu'importe, elle doit être mal fermée, je m'en occuperai avant le départ, en attendant, direction Saint Nabord.
Le temps est au beau fixe, tout le monde se donne rendez-vous sous une des deux arches à l'entrée du village trail. Petite photo de l'équipe d'intervention, tout le monde rigole, les pics fusent, les paris sont pris. Je me sens relativement bien, pas de réelle appréhension, juste envie de prendre le départ !
Direction le sas de départ, rapide vérification des sacs: on me demande de sortir ma frontale, ma couverture de survie, et on me demande si j'ai bien pris suffisamment d'eau, il semblerait que la chaleur allait être de la partie ; à ce moment là je ne prêtais pas réellement attention aux remarques, mais bizarrement cette phrase n'avait pas fini de résonner dans ma tête ...
Une fois dans le sas, on patiente quelques minutes, le speaker nous rappelle les consignes de sécurité, insiste sur le fait que le parcours allait être exigeant, le tout ajouté à une petite musique dramatico-héroïque, il me mettrait presque la pression ! Pour clore son discours, et avant que le départ ne soit donné, un paramoteur passe au-dessus de nos têtes pour nous bombarder de confettis, histoire d'ajouter un peu de festif à ce début de journée. Musique d'ambiance toujours, les caméras sont braquées sur nous, je me cherche sur le grand écran que le départ est donné, c'est parti, je vais en chier mais ça, je ne le sais pas encore, chose qu'on peut constater à mon sourire arrogant ... ou niais en fait, je ne sais pas vraiment !
Un tour de stade est effectué avant de quitter les lieux, nous traversons le village de Saint Nabord pour nous rendre dans le massif que l'on peut apercevoir en face de nous. Rien de bien méchant, douce mise en jambe, nous traversons un pont spécialement installé pour l'occasion, c'est instable, c'est drôle, début de course joyeux que je partage avec mon père jusqu'à ce que je me rende compte que ma poche à eau continue de fuir, ce qui ressemblait à du goutte à goutte auparavant semble s'être transformé en torrent de boisson isotonique. Confirmation visuelle de mon père " ah ouaaais, ça coule pas mal quand même!". Tant pis, on regardera ça plus tard, au premier ravitaillement.
Une fois la plaine traversée, les choses sérieuses commencent, quelques 400d+ sur 2 ou 3km, le tout en forêt. Etant partis à l'arrière du peloton, nous subissons l'allure réduite de ce début de course, le train monte à son rythme, jusqu'à ce que je décide de faire l'effort pour dépasser, histoire d'avoir plus d'espace et de pouvoir évoluer plus tranquillement. Un "merde" lancé à mon père, une poignée de mains et me voilà parti, usant des bâtons pour dépasser hors de la trace. Je remonte du monde, et arrive derrière le coach du club, impossible de résister à lancer un petit "il pourrait quand même avancer plus vite le petit devant", il me rétorque "t'es derrière toi ? t'attends quoi pour partir ?!", je le dépasse et fait la course seul à partir de ce moment.
Je m'alimente, m'hydrate correctement, le profil varie entre courts raidillons et courtes descentes, le peloton s'est étiré, on respire tout de suite mieux. Jusqu'à présent la course est assez étouffée par la végétation, impossible de profiter d'un paysage s'il y en avait un. Qu'importe, j'étais prévenu, la trace emprunte la majeure partie du temps des chemins en sous bois. La course est différente des crêtes vosgiennes de la Vallée des Lacs, mais reste belle.
Alors que j'entame une descente relativement technique, des bouchons se forment, les moins à l'aise freinent, une fois dépassés je déroule, et me fait réellement plaisir. Le parcours est ludique, enchaine lacets et marches. C'est à ce moment que j'aperçois nos supporters, impossible de les rater, Arnaud déchainé, le genre d'encouragements qui met en confiance et qui redonnent le sourire. Ayant le t-shirt et le short trempés par ma poche à eau qui venait de se vider, je m'arrête en pleine descente, lui donne ma poche, il m'annonce qu'une dizaine de km ont été effectués. Je me sens bien mais dois désormais compter sur mes deux seules flasques de 50cl, gestion à prévoir.
La température commence doucement à monter et à se faire sentir, les kilomètres passent et j'arrive un peu entamé au premier ravitaillement. La chaleur accable et j'accuse le coup, finalement le ravitaillement arrive au bon moment. Je pointe à la 73eme place après presque 3h de course. Les supporters sont là pour m'encourager et me rebooster. Je ne reste pas bien longtemps, le temps de remplir mes flasques, de manger légèrement mais sans abuser. Arnaud me donne une bouteille d'eau que je range dans mon sac, mais qui finira 2km plus loin à la poubelle, ne supportant pas le bruit stressant de l'eau qui bouge dans tous les sens.
A partir de cet instant, je cours un petit bout de temps avec un trailer belge, qui me dit qu'il a participé au 160km l'année passée, ayant décidé d'être plus raisonnable cette année. Sur un bref replat il me distance mais manque de partir dans la mauvaise direction, je le préviens et la course est à nouveau commune. Il fait plus que chaud, mais c'était sans compter sur l'hospitalité des locaux, un homme avait mis à notre disposition une sorte de douchette, et apportait de l'eau à qui en avait besoin, le ravitaillement de fortune précédant une belle montée.
La course reprend en compagnie du trailer belge, lorsque nous engageons une descente, pas réellement technique, mais plutôt pentue, mon compagnon d'infortune se gaufre (jeu de mots obligatoire, désolé) plutôt correctement. Je m'arrête pour lui venir en aide, l'aide à se relever, naturellement lui demande si tout va bien. Il me répond que oui mais saigne du coude. J'utilise l'eau de ma flasque pour rincer la plaie et lui donne un pansement que j'avais avec moi. Calmé et désormais plus prudent, je ne le reverrai plus avant l'arrivée.
La course commence à être pénible, pourquoi ? La chaleur certainement, j'ai du mal à relancer, je traine la patte, je ne suis qu'au 30eme km et me dit que la course va encore être longue. J'arrive au deuxième ravitaillement et encore une fois les bénévoles sont au top, on s'occupe de moi comme si j'avais mon assistance personnelle, on me remplit mes flasques, on m'impose de m'asseoir et de me reposer. Après ce rapide arrêt, je m'engage dans la remontée sur le Haut de Reherrey. La difficulté se dissipe un peu lorsque je me rends compte qu'on peut enfin profiter de beaux paysages et d'un point de vue dégagé. Le tracé a certainement changé par rapport aux éditions précédentes, car on m'avait annoncé que toute la course allait se passer en sous bois, sans pouvoir profiter de la vue. Finalement je me trompe, et c'est tant mieux, je lève le pied dans la montée, et tente de me remobiliser.
Malheureusement, les crampes commencent à se faire sentir, je marche sur des cannes et un trailer visiblement en forme, mais un brin moqueur ne manque pas de me le faire remarquer lorsqu'il passe à coté de moi " ah t'as des crampes ? ça se voit tu cours bizarrement 😏", sympa, mais qu'importe, je le laisse passer, continue à bien m'hydrater et utilise un de mes "Totum Sport", un complément qui n'est autre que de l'eau de mer micro-filtrée.
Une fois le pic passé, place à la descente, technique et usante, mais relativement courte. Les supporters de choc sont là, Arnaud me propose une bière mais je crois que l'affoner sur place n'est pas une bonne idée, j'opte raisonnablement pour de l'eau gazeuse avant de reattaquer. Un bénévole s'occupant de la circulation et ayant vu la scène rigole et m'annonce que le ravitaillement des Tronches n'est plus loin. A ce stade de la course, j'en ai un peu marre. La végétation étant vraiment dense, le chemin n'étant qu'une succession de courbes, le tout additionné à un faible nombre de participants, me donne l'impression de courir seul au monde, personne devant, personne derrière. Le combat, c'est aussi dans la tête qu'il se passe.
La course reprend pour moi, avec une fois encore une belle portion de 400d+ sur à peine 3km. J'arrive au ravitaillement des Tronches. Il semblerait que ce soit une des bases de vie où les coureurs du 200 et du 110 peuvent faire un somme. Assistance médicale et kiné au rapport. Un bénévole me demande si tout se passe bien, si j'ai tout ce qu'il me faut, je lui réponds un peu hagard que oui, me pose quelques minutes. Je remplis encore mes deux flasques restantes, l'une d'eau, l'autre de Gatorade, combinaison expérimentée depuis le précédent ravitaillement et qui semble me convenir. Les crampes me chatouillent encore, mais aucun maux de ventre et c'est tant mieux.
Je repars et le profil s'adoucit globalement. Je rattrape un coureur mal en point, à ma grande surprise c'est celui qui se moquait de mes crampes. Je lui demande ce qu'il a, et me répond qu'il a des problèmes d'estomac. Certainement le karma, ou un coup des dieux du trail et de la montagne qui n'avaient pas apprécié son manque de soutien. N'étant pas rancunier, je reste avec lui un temps, et lui dit que ça passera. Je reprends ma course, lui s'arrêtant au bord de la route.
Un type qui court avec son fils, l'ayant rejoint à mi course sans dossard, me rattrape et me dépasse, ils se motivent mutuellement et annoncent les prochaines difficultés car il semblerait que le duo soit de la région. La trace quitte la route goudronnée empruntée depuis quelques temps et s'engage dans la forêt. Se dresse alors un mur, pour le coup c'est vraiment impressionnant, le chemin semblant être taillé dans la végétation, on a l'impression d'emprunter un couloir étroit en escaliers. Les bâtons me sont bien utiles encore une fois. Le mur franchi, je me dis que le plus dur a été fait, mes forces me regagnent petit à petit et j'arrive au dernier ravitaillement.
A cet instant je me dis qu'il serait bon de prendre son temps, de se poser quelques instants. Je mange correctement, étudie le profil à venir et constate qu'il sera davantage négatif que positif, il reste 15km. La température est désormais plus supportable, mais le fait d'être mouillé par la transpiration, à l'ombre des arbres, le tout ajouté à un petit vent, me laisse presque croire qu'il fait frais. Je fais mes comptes et pense pouvoir terminer en 10 heures.
Franchement remotivé pour cette dernière portion, je cours la plupart du temps, les crampes ayant disparu. Le profil étant descendant, il n'y a la plus de réelles difficultés, je me rends compte que les 3000d+ étaient fortement concentrés sur les 50 premiers kilomètres. Je cours maintenant avec un type qui me dit que demain il prendra également le départ du 30km, constant depuis le début, sa gestion de course est bonne, il a l'air frais, ça tombe bien, je le suis à nouveau également, je prends le train.
Les kilomètres passent, un petit groupe se forme et l'inquiétude monte quand chacun annonce que nous avons dépassé les 60km, pour autant, impossible d’apercevoir le stade duquel nous étions partis. 62, 63, 64, ça commence à faire long, la nuit tombe et je crois qu'il faut se résigner, quelqu'un a du emprunter le mauvais chemin, suivi ensuite par l'ensemble du groupe. Tout le monde s'arrête et on se rend compte grâce à l'application Trace de trail que j'avais téléchargée, que c'est sur la trace du 30km que nous nous trouvons. Certains enragent quand ils se rendent compte qu'au vu de la distance effectuée sur cette trace du 30, nous devrions déjà être arrivés. Etant partis dans la mauvaise direction, je crois qu'on se trouve bien à plus de 8km de l'arrivée s'il fallait à nouveau emprunter le bonne trace. Finalement, une voiture nous rapatriera et nous déposera à un petit km de l'arrivée. Notre groupe de malchanceux décide de terminer ensemble, de passer la ligne d'arrivée en même temps. La nuit est tombée, mais par chance je n'ai pas eu à sortir ma frontale, les rues du village Vosgien et le stade étant désormais éclairés. Les silhouettes qui se cachent derrière le halo de nombreuses lampes, se faisant de plus en plus nombreuses, et les encouragements donnés avec toujours plus d'enthousiasme nous indiquent qu'on en termine pour de bon. L'excitation est à son comble, bien content d'en finir enfin. Petite butte qui nous mène sur les hauteurs du stade, enflammé pour l'occasion, puis petit devers, on passe l'arche, le speaker met l'ambiance, c'est fait, je suis finisher de cet Infernal 60, qu'on devrait plutôt renommer Infernal 68, puisque nous terminons avec près de 68km. Je crois que notre petite erreur d'orientation me fait perdre une quinzaine de minutes, mais peu importe, le trail, c'est aussi ça.
Je récupère ma polaire de finisher, la médaille en chocolat et m'en vais voir nos supporters. Je n'ai pas eu l'occasion de voir l'arrivée des autres membres du club, car il est 22h, et le lendemain je prends l'avion à 5h pour récupérer de cette terrible course à Palma 😎. Ayant désormais les points UTMB nécessaires, je ne sais pas encore que je vais me pré-inscrire à la CCC pour la première fois, et ne sais encore moins que je vais être sélectionné, mais ça, c'est une autre histoire ...
La course reprend en compagnie du trailer belge, lorsque nous engageons une descente, pas réellement technique, mais plutôt pentue, mon compagnon d'infortune se gaufre (jeu de mots obligatoire, désolé) plutôt correctement. Je m'arrête pour lui venir en aide, l'aide à se relever, naturellement lui demande si tout va bien. Il me répond que oui mais saigne du coude. J'utilise l'eau de ma flasque pour rincer la plaie et lui donne un pansement que j'avais avec moi. Calmé et désormais plus prudent, je ne le reverrai plus avant l'arrivée.
La course commence à être pénible, pourquoi ? La chaleur certainement, j'ai du mal à relancer, je traine la patte, je ne suis qu'au 30eme km et me dit que la course va encore être longue. J'arrive au deuxième ravitaillement et encore une fois les bénévoles sont au top, on s'occupe de moi comme si j'avais mon assistance personnelle, on me remplit mes flasques, on m'impose de m'asseoir et de me reposer. Après ce rapide arrêt, je m'engage dans la remontée sur le Haut de Reherrey. La difficulté se dissipe un peu lorsque je me rends compte qu'on peut enfin profiter de beaux paysages et d'un point de vue dégagé. Le tracé a certainement changé par rapport aux éditions précédentes, car on m'avait annoncé que toute la course allait se passer en sous bois, sans pouvoir profiter de la vue. Finalement je me trompe, et c'est tant mieux, je lève le pied dans la montée, et tente de me remobiliser.
Malheureusement, les crampes commencent à se faire sentir, je marche sur des cannes et un trailer visiblement en forme, mais un brin moqueur ne manque pas de me le faire remarquer lorsqu'il passe à coté de moi " ah t'as des crampes ? ça se voit tu cours bizarrement 😏", sympa, mais qu'importe, je le laisse passer, continue à bien m'hydrater et utilise un de mes "Totum Sport", un complément qui n'est autre que de l'eau de mer micro-filtrée.
Une fois le pic passé, place à la descente, technique et usante, mais relativement courte. Les supporters de choc sont là, Arnaud me propose une bière mais je crois que l'affoner sur place n'est pas une bonne idée, j'opte raisonnablement pour de l'eau gazeuse avant de reattaquer. Un bénévole s'occupant de la circulation et ayant vu la scène rigole et m'annonce que le ravitaillement des Tronches n'est plus loin. A ce stade de la course, j'en ai un peu marre. La végétation étant vraiment dense, le chemin n'étant qu'une succession de courbes, le tout additionné à un faible nombre de participants, me donne l'impression de courir seul au monde, personne devant, personne derrière. Le combat, c'est aussi dans la tête qu'il se passe.
La course reprend pour moi, avec une fois encore une belle portion de 400d+ sur à peine 3km. J'arrive au ravitaillement des Tronches. Il semblerait que ce soit une des bases de vie où les coureurs du 200 et du 110 peuvent faire un somme. Assistance médicale et kiné au rapport. Un bénévole me demande si tout se passe bien, si j'ai tout ce qu'il me faut, je lui réponds un peu hagard que oui, me pose quelques minutes. Je remplis encore mes deux flasques restantes, l'une d'eau, l'autre de Gatorade, combinaison expérimentée depuis le précédent ravitaillement et qui semble me convenir. Les crampes me chatouillent encore, mais aucun maux de ventre et c'est tant mieux.
Je repars et le profil s'adoucit globalement. Je rattrape un coureur mal en point, à ma grande surprise c'est celui qui se moquait de mes crampes. Je lui demande ce qu'il a, et me répond qu'il a des problèmes d'estomac. Certainement le karma, ou un coup des dieux du trail et de la montagne qui n'avaient pas apprécié son manque de soutien. N'étant pas rancunier, je reste avec lui un temps, et lui dit que ça passera. Je reprends ma course, lui s'arrêtant au bord de la route.
Un type qui court avec son fils, l'ayant rejoint à mi course sans dossard, me rattrape et me dépasse, ils se motivent mutuellement et annoncent les prochaines difficultés car il semblerait que le duo soit de la région. La trace quitte la route goudronnée empruntée depuis quelques temps et s'engage dans la forêt. Se dresse alors un mur, pour le coup c'est vraiment impressionnant, le chemin semblant être taillé dans la végétation, on a l'impression d'emprunter un couloir étroit en escaliers. Les bâtons me sont bien utiles encore une fois. Le mur franchi, je me dis que le plus dur a été fait, mes forces me regagnent petit à petit et j'arrive au dernier ravitaillement.
A cet instant je me dis qu'il serait bon de prendre son temps, de se poser quelques instants. Je mange correctement, étudie le profil à venir et constate qu'il sera davantage négatif que positif, il reste 15km. La température est désormais plus supportable, mais le fait d'être mouillé par la transpiration, à l'ombre des arbres, le tout ajouté à un petit vent, me laisse presque croire qu'il fait frais. Je fais mes comptes et pense pouvoir terminer en 10 heures.
Franchement remotivé pour cette dernière portion, je cours la plupart du temps, les crampes ayant disparu. Le profil étant descendant, il n'y a la plus de réelles difficultés, je me rends compte que les 3000d+ étaient fortement concentrés sur les 50 premiers kilomètres. Je cours maintenant avec un type qui me dit que demain il prendra également le départ du 30km, constant depuis le début, sa gestion de course est bonne, il a l'air frais, ça tombe bien, je le suis à nouveau également, je prends le train.
Les kilomètres passent, un petit groupe se forme et l'inquiétude monte quand chacun annonce que nous avons dépassé les 60km, pour autant, impossible d’apercevoir le stade duquel nous étions partis. 62, 63, 64, ça commence à faire long, la nuit tombe et je crois qu'il faut se résigner, quelqu'un a du emprunter le mauvais chemin, suivi ensuite par l'ensemble du groupe. Tout le monde s'arrête et on se rend compte grâce à l'application Trace de trail que j'avais téléchargée, que c'est sur la trace du 30km que nous nous trouvons. Certains enragent quand ils se rendent compte qu'au vu de la distance effectuée sur cette trace du 30, nous devrions déjà être arrivés. Etant partis dans la mauvaise direction, je crois qu'on se trouve bien à plus de 8km de l'arrivée s'il fallait à nouveau emprunter le bonne trace. Finalement, une voiture nous rapatriera et nous déposera à un petit km de l'arrivée. Notre groupe de malchanceux décide de terminer ensemble, de passer la ligne d'arrivée en même temps. La nuit est tombée, mais par chance je n'ai pas eu à sortir ma frontale, les rues du village Vosgien et le stade étant désormais éclairés. Les silhouettes qui se cachent derrière le halo de nombreuses lampes, se faisant de plus en plus nombreuses, et les encouragements donnés avec toujours plus d'enthousiasme nous indiquent qu'on en termine pour de bon. L'excitation est à son comble, bien content d'en finir enfin. Petite butte qui nous mène sur les hauteurs du stade, enflammé pour l'occasion, puis petit devers, on passe l'arche, le speaker met l'ambiance, c'est fait, je suis finisher de cet Infernal 60, qu'on devrait plutôt renommer Infernal 68, puisque nous terminons avec près de 68km. Je crois que notre petite erreur d'orientation me fait perdre une quinzaine de minutes, mais peu importe, le trail, c'est aussi ça.
Je récupère ma polaire de finisher, la médaille en chocolat et m'en vais voir nos supporters. Je n'ai pas eu l'occasion de voir l'arrivée des autres membres du club, car il est 22h, et le lendemain je prends l'avion à 5h pour récupérer de cette terrible course à Palma 😎. Ayant désormais les points UTMB nécessaires, je ne sais pas encore que je vais me pré-inscrire à la CCC pour la première fois, et ne sais encore moins que je vais être sélectionné, mais ça, c'est une autre histoire ...
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